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À l’ombre du cœur de ma mie

Prolongation jusqu'au 7 juin

Galerie 35
Štěpánská 35, Praha 1

La chanson française dans les illustrations tchèques de Karel Demel

Vernissage le 25 avril à 18h30 à l’Institut français de Prague. Introduction par Chantal Poullain. 

L’exposition est liée au projet « Notre France / La poésie française dans les traductions et les illustrations tchèques du XXe siècle » (qui se déroulera du 11 mai au 31 octobre au pavillon d’été Hvězda).

Dans l’ex-Tchécoslovaquie, la chanson française classique a été écoutée et appréciée avant comme après la Deuxième Guerre mondiale, notamment à l’âge d’or des sixtees tchécoslovaques, mais elle n’a, paradoxalement, connu son heure de gloire qu’après 1968, c’est-à-dire sous la « normalisation ». À l’heure du déclin de la musique populaire tchèque, les enregistrements légaux tout comme les copies diffusées illégalement prouvaient très clairement qu’un art authentique était possible quand il émanait des profondeurs de l’âme et du cœur de l’artiste. La différence, déterminante d’un point de vue artistique, entre, d’une part, le caractère stérile et  le manque d’originalité  de la pop-music tchèque de l’époque et, d’autre part, l’émotion prégnante qui saisit toute une génération face aux textes des chansonniers alors même que la plupart des auditeurs ne comprenaient pas les paroles, a livré une leçon fondamentale : il était possible de parler pour soi-même, du plus profond de soi, quelles qu’en soient les conséquences. Au sein de l’ancienne génération, en Tchécoslovaquie, dans le sillage de Joséphine Baker, Maurice Chevalier et Édith Piaf étaient considérés comme des éléments de la culture commune d’après-guerre ; les plus jeunes, principalement Charles Aznavour, Léo Ferré ou encore Jacques Brel, ont été unanimement acclamés par le public de la Tchécoslovaquie  communiste. Certains de leurs disques sortis dans les années 1960 et 1970 ont fait partie des piliers des discothèques de la majorité des foyers tchèques. Dans les années 1970 et 1980, d’autres chanteurs, tels Gilbert Bécaud et Mireille Mathieu, ont même donné des concerts dans la Tchécoslovaquie communiste, alors que d’autres, comme Georges Brassens, étaient relégués au second plan, voire proscrits, en raison de leurs textes provocateurs. Il y avait aussi, bien sûr, des chansonniers-ennemis jurés, comme Yves Montand, après son rôle dans l’Aveu au cinéma. Ce qui est sûr, c’est que la chanson classique s’est profondément enracinée en Tchécoslovaquie avant de donner naissance à des versions tchèques des originaux français et à la création d’un nouveau genre musical résumé par le mot intraduisible de « šanson ». Parmi d’autres, Hana Hegerová et Petr Hapka en ont été les deux figures les plus marquantes.

Karel Demel (né le 28 février 1942 à Prague)

Entre 1957 et 1963, Karel Demel a étudié la musique au Conservatoire de Prague – le trombone et le tuba – avant de s’intéresser à partir de 1968 aux arts graphiques et à l’illustration de livres à l’École supérieure des arts appliqués de Prague, dans l’atelier de Zdeňek Sklenář. Avec Jiří Anderle et Oldřich Kulhánek, reconnus également à l’étranger, il est l’un des représentants majeurs des arts graphiques tchèques dont la précision figurative repose sur une maîtrise parfaite du dessin et l’intégration d’une poésie onirique concrète dans l’œuvre. Chez ces trois représentants de l’École tchèque, cette orientation graphique s’est épanouie dans l’illustration. Chez Demel, cette inclination a en plus été élargie par sa formation musicale. C’est ainsi qu’il a créé, par exemple, ses cycles graphiques Hector Berlioz – La Symphonie fantastique, ou ceux consacrés aux deux chansonniers français que nous présentons dans le cadre de cette exposition (Jacques Brel, 1980-1989 et Georges Brassens, 2011-2017). Ses illustrations de la poésie française (Apollinaire, Baudelaire, Rimbaud et autres) sont elles aussi célèbres. Karel Demel a été nommé chevalier des Arts et des Lettres en 2003.

      

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